Elle ralentit le
pas . L’angle de la rue est proche. Une cordonnerie s’étale sur
deux vitrines c’était une boucherie autrefois. Elle tourne à
droite et dans l’instant même le regard s’élève sur un
immeuble , à mi-parcours de la rue, sur le trottoir opposé; il se
fixe sur les fenêtres du troisième étage . Un rayon de soleil
lèche encore la façade. Le haut de la rue restera dans une non
existence, un lieu sans intérêt. Ce qui compte est là: cet
immeuble en pierre triste de trois étages où tout a commencé. Elle
vient le voir comme on va contempler un tableau de Caspar David
Friedrich. Elle ralentit encore le pas, fixe la fenêtre de droite
avec plus d’insistance, s’attendant presque à voir se profiler
une silhouette. Mais le regard devient flou comme lorsqu’elle
fixait le tableau noir et que les signes de craie blanche se
diluaient et dansaient sur la mer sombre .Le regard s’abaisse
jusqu’à la porte qu’elle sait lourde et qu’elle ne poussera
pas. Elle n’a pas le code d’entrée.
Voici ma participation à la première consigne de l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".
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