J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mercredi 20 juin 2018

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Elle ralentit le pas . L’angle de la rue est proche. Une cordonnerie s’étale sur deux vitrines c’était une boucherie autrefois. Elle tourne à droite et dans l’instant même le regard s’élève sur un immeuble , à mi-parcours de la rue, sur le trottoir opposé; il se fixe sur les fenêtres du troisième étage . Un rayon de soleil lèche encore la façade. Le haut de la rue restera dans une non existence, un lieu sans intérêt. Ce qui compte est là: cet immeuble en pierre triste de trois étages où tout a commencé. Elle vient le voir comme on va contempler un tableau de Caspar David Friedrich. Elle ralentit encore le pas, fixe la fenêtre de droite avec plus d’insistance, s’attendant presque à voir se profiler une silhouette. Mais le regard devient flou comme lorsqu’elle fixait le tableau noir et que les signes de craie blanche se diluaient et dansaient sur la mer sombre .Le regard s’abaisse jusqu’à la porte qu’elle sait lourde et qu’elle ne poussera pas. Elle n’a pas le code d’entrée.

 Voici ma participation à la première consigne de l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".

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