J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

dimanche 9 septembre 2018

Anticipation mais pas trop


La répétition des pas pour ouvrir la clarté, la carte encore écartée, écartelée, jusqu’à échancrer la parole, reprendre les chemins délaissés avec des yeux qui entament ce qui pourrait...


Nord/ Le nord, c’est aller vers un devenir, un ailleurs où les chemins de l’enfance ne menaient pas ou s’arrêtaient très vite; c’est chausser des bottes de sept lieues et prendre la fuite, changer de mode de vie, mettre un mot à la place d’un autre ou même inventer du vocabulaire, devenir étranger à soi-même, sortir de sa langue, s’inventer son propre chemin à coup de dés et de lignes brisées et se découper sa propre carte à toujours arpenter sans jamais arriver quelque part. Plus de passé en allant vers le Nord, plus de certitude, juste se laisser emporter, embarquer, rêver, être, exister, sortir, désirer, s’éveiller, pousser toujours plus loin, se laisser traverser les seuils qui nous retiennent…


Ouest/ A l’Ouest, des ombres , pailletées d’apparitions, avec des voix d’étain et de lumière cuivrée , le ressac des mots dans l’interstice des sentes, des quignons d’ailes coupées, des écumes de rêves et des souvenirs cardés. Revenir à l’ouest mais par un autre chemin, celui des lisières, des bords et des talus, où les paupières nouvelles traversent les tranchées d’ombres et s’ouvrent sur des clairières de chaux vive.


Sud / Ici elle pourrait rester , crapahuter est plus difficile désormais mais rester entre les rochers et la lande de bruyère, à caresser du regard les apparitions qui se lèveraient encore d’entre les arbres. Se satisfaire de ce qui est donné à voir, y puiser la lumière et rester sous le ciel et se laisser regarder par lui; rester entre les pierres , les genêts et la bruyère, au bord de l’abime, un livre entre les mains et, de temps à autre, lever les yeux du livre.


Est/ Un horizon des possibles: des rues à agripper, à se laisser griffer par les choses d’ici, les yeux décousus, pousser les portes, forcer les fenêtres, écarter les rideaux, devenir ronce et se déployer , émietter ce qui est là devant, toutes ces choses les unes après les autres, rester dans le voir et non dans le faire, voir d’ici ce qui saigne, ou ce qui bégaie, ou ce qui se perd, ce qui s’unit à l’ombre et au-delà

 35ème texte (correspondant à la proposition d'écriture de la vidéo 35 ) pour  l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".

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