J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 21 septembre 2018

jamais dire jamais

voix d’avant: ce sont elles qui, sans cesse, s’immiscent entre les lèvres, imposent leur phrasé, un vocabulaire , n’ont aucune raison de passer par là, et pourtant se glissent et s’invitent à chaque coin de page

le dehors du dedans: intimement liés, le miroir brisé de l’un renvoie les images floues de l’autre en une manipulation permanente, et inversement

le dedans du dehors: intimement liés, les murmures qui s’agitent à l’intérieur dessinent la géométrie des ombres qui s’étalent à l’extérieur , et inversement

cartographie des ombres: quelque chose ou quelqu’un s’approche, vous frôle puis s’éloigne esquissant une chorégraphie entre ombre et lumière , un monde se détache, un rêve s’élabore

passerelles d’incertitudes: quelque part un peut-être, peut-être, un fil de funambule où avancer en vacillant des cils

échardes obscures: à la pointe du cri, ce qui tenaille dans les tripes et saigne et suinte, quand on ne s’y attend pas, et n’en finit pas de recommencer

d’un regard flou: celui qui permet tout, qui fait basculer du fermé à l’ouvert, qui fait inventer de nouveaux astres, décline une ponctuation de couleurs, réveille des fantômes, efface les visages, effleure ce qui affleure dans l’image, invente son vocabulaire

arrêt sur marge: cela bruit, cela se meut, cela s’emplit se vide, cela respire, cela se recentre, cela s’écarte , mais celui qui regarde est toujours dans la marge

un peu d’éperdu: hors du droit chemin , l’esprit troublé par ce qui advient ou ce qui ne se voit pas ou ne veut pas être vu, à ne plus trop savoir ce que les mots écrivent

jours d’apparitions: dérives diaphanes par ces rais de lumières nés des mots qui s’épousent et polarisent le regard jusqu’à mettre au jour , à mettre en lumière quelques traces qu’on pensait disparues

les corps empêtrés: ils n’arrivent pas à s’échapper de l’histoire, à prendre leur envol, tout emberlificotés d’eux-mêmes, englués d’une vie qu’ils n’ont pas choisie

carte d’intensités: entre ombres et lumières toujours des flaques de vies , fanaux bleuâtres sur les bas-côtés d’une ville délivrée des lacis d’une mémoire 
 
sans jamais arriver quelque part: errance dans les rues, errance dans les souvenirs, s’enfuir, éviter, tourner autour, effleurer l’ailleurs, des mots sur des images qui obsèdent, fuite intérieure

tranchées d’ombres: des mains qui se blessent à traverser des lieux où il n’y a plus aucune raison de passer, s’accrochent aux barbelés des souvenirs jusqu’au doute

ce petit ourlet de riens: ce que l’on ne voit pas, bien cousu sous l’envers du tissu, cet à- peu-près aplati sous la pliure , la clé de la table d’orientation

   38ème texte (correspondant à la proposition d'écriture de la vidéo 38 ) pour  l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".

1 commentaire:

Patrick Lucas a dit…

jamais : rêve définitif