Dans le chaos de la mémoire, que deviennent ces lieux, villages traversés, demeures d'amis décédés, cimetières de province où l'on a marché entre des fantômes, magasins désertés, vallées nocturnes, profondes auberges montagnardes, hauts plateaux souverains?
Ces lieux ne sont pas des chez soi. Cependant, des traces de souvenir ont fait qu'ils appartiennent parfois, depuis leur abandon, au pays de l'âme avec une intensité désolée. Jamais tout à fait démêlés de l'imaginaire, ils finissent par composer une géographie affamée ou amicale, mêlant des contrées parcourues, parfois inventées. Et dans le même mouvement, une manière de mémoire un peu légendaire.
On y croise des êtres chers ou des personnages rêvés, précisément indissociables de ces espaces devenus intérieurs, qui " n'ont plus lieu d'être " mais qui continuent de mourir, nous soufflant, à l'occasion, des échos, des songeries, des silhouettes, des choses irrésolues, des mots pauvres, des questions réfugiées.
Jacques Vandenschrick " Livrés aux géographes" ( Cheyne 2018)
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