J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 5 mars 2019

Antoine Emaz


Quand on marche dans un pré immense, un matin
de givre, rien ne se dit ni dedans ni dehors.

L'eau de l'étang, d'un argent froid, terne, sous le 
soleil bas. Violence, côté acéré de l'espace. 
Plus grand d'être dénudé. Silence. Flaques d'eau
dans l'herbe déjà gorgée.

Silence aussi vaste qu'une parole souveraine.
Celui qui doit se taire est tout entier occupé en
dedans à se réduire au silence.
Le silencieux n'a rien à dire, ne désire rien dire.
Seulement reposer dans le rien dire.

Être tout entier marche dans un pré immense, un 
matin de givre.

Antoine Emaz " Poème au calme" ( Tarabuste) 

Je viens d'apprendre la mort d'Antoine Emaz et suis dans la tristesse. Je l'avais rencontré cet été à Cheyne, lors des "Lectures sous l'arbre", et échangé un peu avec lui. J'ai partagé ici souvent ses textes qui me portaient. On peut les retrouver en tapant son nom dans la rubrique "rechercher". 
Avoir toujours un de ses livres à portée de main me rassure. Je ne peux que lui dire: merci.

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