Une
phrase s’échappe d’un texte
l’extraordinaire
commence au moment où je m’arrête*
et mes
yeux, toujours
prêts au lapsus oculi
lisent:
l’extraordinaire commencement où je m’arrête...Alors
je m’arrête et espère l’inattendu. Je me pose
entre ces mots pour
tenter de m’infiltrer
dans la partition et de jouer mon
propre son sur cette peau sensible. Etre suspendue à cette tentative
de liberté, vouloir y inscrire l’espace du songe
laisser
les herbes folles s’y épanouir, des voix se rencontrer, des
polyphonies se créer, des livres perdus s’écrire, des possibles
se mettre à frémir, des
lendemains
se glisser dans l’hier,
et
un demain filtrer sous
l’invisible, des
fils se nouer, un passé revivre, un
futur se dessiner...
Faire buissonner tout cela quand, saisie à la gorge par les mots, le
réel n’a plus rien
d’une réalité,
mais
est pavé des impossibles.
Les
ombres fleurissent, les cerisiers étreignent, des flammes de lierre
méditent entre les pierres, et derrière la vitre les entrelacs
d’eau bleuissent
les franges des nuages.
Espérer
la nuit et sa lumière de cendres, se rêver somnambule entre les
arbres
, marcher
avec des sandales
de paille
en cherchant une voie s’échappant des sentiers battus, se
laisser guider par une sente étroite où se laisser griffer par les
ronces , lécher le sang qui perle
sur la peau jusqu’au
frisson, se dire: je suis plein d’émois,
mais quelle aventure! Déclamer
un poème des Contemplations où
la sereine lueur n’en finit pas d’éclairer le front du rêveur. De simples mots où se
lover.
*Maurice Blanchot
2 commentaires:
Un bouquet d'utopies suffisant à faire naitre le rêve.
Superbement écrit.
Amitiés.
Roger
Merci Roger pour ce passage en ce jardin.
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