J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 6 janvier 2020

Illusion



Elle, dans le trouble de l'illusion.
Éperdue dans une longue et sourde fermentation. Où rien ne remue. C’est plein de grands pans d’ombres et de réticences. Un fouillis de traces, un paysage confus où ses yeux, creusés d’absence, s’enfoncent sous cette nappe, en paresse de mots.
Sur ce fouillis de monde, elle rabote, refuse de se laisser engluer, et regarde s’ébattre l’ombre d’un oiseau.
Entre les strates sombres – ah oui le bleu existe – se décalque un mot auquel elle voudrait croire, il danse sur les ombres.
Espérance est son nom, quelque part dans le flou. À poser dans la langue en majuscules. À toucher l’horizon et desserrer le temps. À respirer, large et beau dans le plein de l’égarement, sans la pesanteur des racines, sans l’étreinte des miserere.
Parfois, à peine perceptible, une voix veut s’échapper, un sanglot d’ange peut-être, une soie de la nuit, une barque d’aube. Mirage dans le vent quelque part.
Il suffirait d’aimer le vent.


2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Superbe texte, rien à quoi s'accrocher, glisser sur le vent, dans la douceur et l'apesanteur de l'égarement, rien de rigide, de définitif, comme nos vies quoi, le bleu existe entre les strates sombres et comme tu l'écris, on respire sans pesanteur, on touche l'horizon.

Estourelle a dit…

c'est du flou que nait le désir de précision