Le narrateur agit avec ses découvertes comme on agit avec sa propre solitude. Rien ne sera plus féroce, plus doux, plus labyrinthique, plus voluptueux, plus matinal, plus nocturne, rien ne sera plus glorieux, plus cauchemardesque, plus secret, plus bandant que ce qui arrivera bientôt si les phrases continuent de grandir et s'élancent, comme depuis ce matin, vers ce passage où la liberté s'affirme à mesure qu'elle s'énonce. Le livre que vous avez entre les mains vous amènera lentement au cœur de ce qui le rend possible. Le lecteur, s’il existe, est donc prié de faire de sa patience un art ; et d’entendre les phrases comme elles sont venues, comme elles viennent, comme elles viendront : il n’y a pas de raison que cette aventure soit plus facile pour lui que pour moi.
Yannick Haenel " Cercle" ( Gallimard 2007)

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