J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 14 janvier 2022

L'homme qui penche

 



23.

Je n’ai que ce blanc enfoui de la page pour enfouir la lumière – pour la retrouver.

Et puis quelque chose d’autre, qui n’est plus sous la garde de ce mot.

Captation de ce qu’il faut ravir et écrire sur le territoire déjà vécu, déjà écrit. Je n’ai pour l’instant que mon regard pour y accéder.

35.

Chaque jour serait une équation à résoudre mais les termes varient sans cesse, compliquent la recherche, annulent d’autres résultats.

Ce n’est qu’un lieu d’approche, pas de rencontre.

Il me manque toujours tout ce qui aurait pu être. Et qui peut-être a été.

50.

Se taire.

Faire silence pendant des heures. Non pour se taire mais pour qu’il y ait à nouveau une rencontre de mots, un apaisement du langage, la présence d’au moins quelqu’un en l’absence de tous. Il n’y a souvent que peu à dire. Car même si l’on connaît la maison, on ne sait pas où est allé l’habitant.

51.

L’homme qui penche se penche pour écrire, pour retenir, peut-être, ce qui était plus penché que lui. Il y a les bruits que fait quelqu’un dans mon oreille. Et quelque chose qu’on a laissé tomber.

Thierry Metz " L'homme qui penche" ' Editions Opales/Pleine Page 1997)

2 commentaires:

Unknown a dit…

Très beau texte. Merci. Surtout le numéro 53. Mais quel est le film correspondant?
Bien à toi. Brigitte

Laura-Solange a dit…

Le film s'appelle tout bêtement "L'homme qui penche" de Marie-Violaine Brincard et Olivier Dury sorti en décembre 2021. Je t'embrasse.