Les mots — je l’imagine souvent — sont de petites maisons, avec cave et grenier. Le sens commun séjourne au rez-de chaussée, toujours prêt au « commerce extérieur », de plain-pied avec autrui, ce passant qui n’est jamais un rêveur. Monter l’escalier dans la maison du mot c’est, de degré en degré, abstraire. Descendre à la cave, c’est rêver, c’est se perdre dans les lointains couloirs d’une étymologie incertaine, c’est chercher dans les mots des trésors introuvables. Monter et descendre, dans les mots mêmes, c’est la vie du poète. Monter trop haut, descendre trop bas est permis au poète qui joint le terrestre à l’aérien. Seul le philosophe sera-t-il condamné par ses pairs à vivre toujours au rez-de-chaussée ?.
Gaston Bachelard " La poétique de l'espace" (PUF)
2 commentaires:
Merci, j'ai aussi exhumé G Bachelard des cartons, mis de côté pour le moment car après Francis Jammes et A P de Mandiargues, j'ai ré-ouvert R M Rilke.
J'ai adoré Bachelard. Pendant des années, chaque printemps, j'ai relu "L'intuition de l'instant", un très beau livre aussi
Bachelard une référence qui traverse le temps,
et une référence indispensable ...
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