À la charnière du bleu et de ce qu’on pourrait nommer arrière-pays, de petites pensées passagères, de celles qui se glissent dans les songes, un peu secrètes, un peu languissantes, légèrement folles, résistantes à la bienséance, qui ne courbent pas le dos, mais s’évadent et traversent les vitres brisées de ce qui doit être, qui secouent la poussière, et déchirent les ombres tutélaires. Écarter les parois de cet interstice qui se fait jour, laisser saillir les petites lumières qui sautillent, qui illuminent les recoins sombres par de petits éclairs offerts, qui donne vie à cet espace de peu, car c’est à peine s’il existe vraiment, cet encart des possibles où l’on tâtonne à l’aveugle, qui taraude lorsqu’on l’a découvert, qui appelle à rejoindre ses rives étroites. Derrière le bleu, mais pas encore dans la grisaille, un tout petit domaine, une maison de poupée, peut-être même un lieu d’illusions, c’est là que règne un double étincellement, d’un réel un peu déformé et d’une présence à un soi en apparition, dont on n’a pas toutes les clés pour le comprendre et qui peut s’effondrer à tout moment ou s’épanouir en puissance. Dans cette brèche, on ne se raconte pas d’histoire, on se tient juste à disposition, dans ce paysage indécis, celui de la rêverie, du songe, peut-être même d’une certaine mélancolie, celle qui permet de voguer sur une eau dense et qui propage d’onde en onde des frémissements d’images dans des tons de l’azur, les doigts dans des divagations à la charnière du bleu.
1 commentaire:
derrrière le bleu
je me tiens là en attente
de quelque autre chose
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