C’est fait! Je viens de terminer la lecture des Vagues de Virginia Woolf. Et je ressens ce que l’on pourrait sans doute appeler une sensation de manque. Le livre ( je devrais dire les livres) est reposé sur mon bureau, mais pas rangé dans la bibliothèque. Je ne peux pas encore m’en séparer. Ce serait comme dire que cette lecture est achevée, et je sais pertinemment qu’elle ne l’est pas. Alors, pour rester encore dans cet étrange univers, j’ai entrepris d’écrire ces Divagations. Une manière de rester sous perfusion des Vagues est de se tenir tout près et d’écrire par flux ce qui remue encore sous la peau.
Ce livre tisse une fine trame autour de mes pensées, de ma façon de lire et d'écrire, de mon écoute, de mes regards aux entours, irais-je jusqu'à dire de ma manière d'exister. Une lecture qui a infusé pendant plus de dix ans. Je n’ai pas noté la date du début de cette immersion, car l’achat du livre traduit par Marguerite Yourcenar, précède de beaucoup la première lecture. Contrairement à mes habitudes, je n’ai pas noté sur la première page la date d’achat, donc il me faut faire des recherches plus poussées en consultant les cahiers où je note les achats de livres au fil des ans, et je remonte au temps où les prix se notaient encore en francs. Je parcours avec attention les lignes où sont notés noms d’auteurs, titres des livres et leur coût, mois par mois et année après année. Après avoir constaté l’achat que l’on pourrait juger compulsif à certaines périodes, correspondant parfois à des séjours à Paris et à des opportunités plus grandes de céder à une boulimie d’achats, ainsi que l’acquisition par vagues de livres d’un même auteur ( Sylvia Plath, Camus, Jacques Borel, Joël Vernet, Clarisse Lispector ou Julien Gracq et d’autres encore…), mon regard s’arrête sur apparemment le premier livre de Virginia Woolf que je me suis procuré, il s’agit du Journal d’un écrivain dans la collection de poche 10x18, à la date du 31 octobre 2000, au prix de 61 f., traduit de l’anglais par Germaine Beaumont, avec une préface de Léonard Woolf. Sur la couverture, un portrait de profil de Virginia. Il me semble me souvenir en avoir fait la lecture assez rapidement. Je sais que j’avais déjà lu Une chambre à soi, emprunté à la bibliothèque, même si je ne retrouve pas trace de cette lecture. C’est en mai 2003 qu’un quadruple achat est noté, à quelques jours d’intervalle, tous en collection de poche:
- Mrs Dalloway: 4,60 euros ( le 2 mai)
-
La promenade au phare : 4,57 euros ( le 9 mai)
- Les vagues:
6,10 euros
- Une chambre à soi: 6 euros
Le 29
septembre de cette même année, Instants de vie les rejoint.
J'évoquais
dix ans mais c’est donc de vingt ans qu’il faudrait parler, même
si je me tenais à distance, prête à lire les livres, puisque là
juste derrière moi dans ma bibliothèque, sur le rayonnage des
livres à lire, mais ne franchissant pas totalement le pas. Il est
probable que j’ai dû écouter à cette période-là une émission
à la radio qui a orienté mes achats avec tant de fougue! Une
chose est sûre, je ne les ai pas lus immédiatement. Sans doute
feuilletés, ou ai-je parcouru les premières lignes, puis reposés
sur l’étagère, patientant de longues années à espérer mon bon
vouloir, ou plutôt mon ouverture à cette écriture singulière. En
février 2008, je note un second achat du Journal d’un écrivain,
pour l’offrir à mon fils. En juin de cette même année, j’achète
le Journal d’adolescence , au prix de 25 euros, avec sa couverture
rose bonbon qui ne pouvait qu’attirer le regard, dans lequel je
vais me plonger assez vite ( ma passion des journaux d’écrivain),
suivi en avril du Journal intégral (1915-1941). Il est très étrange
de parcourir le passé, non en tournant les pages d’un album
photos, mais en auscultant les listes de livres achetés et
lus, et ceux qui patientent peut-être encore dans l’attente que ma
main s’en saisisse. Cela pourrait faire l’objet d’un travail
d’écriture sur l’évolution des lectures, noter celles qui ont
compté et importent toujours, et comprendre l’évolution de ce que
l’on est devenu au travers de cela. Mais concentrons nous sur
Virginia Woolf. En décembre 2013, j’achète un tout petit livre de
nouvelles Le quatuor à cordes en lien avec un atelier d’écriture
dont je fais partie, et lu dans la foulée. En juin 2016, c’est
un livre de Léonard Woolf qui vient s’ajouter Ma vie avec
Virginia; il attendra novembre 2018 pour être lu. Le 4 novembre
2019, une autre version des Vagues, celle traduite par Michel Cusin
rejoint le rayon de l’étagère consacrée à Virginia où se sont
ajoutées des biographies ou des études sur cette femme qui m’attire
mais dont je reste à une distance respectable. En octobre 2020 la
troisième traduction des Vagues par Cécile Wajsbrot s’impose. En
2021, la revue Europe consacre une partie de son numéro de janvier à
Virginia et il rejoint les autres ouvrages, suivi par un recueil de
nouvelles en août Rêves de femmes. En septembre Les années et Tout
ce que je vous dois; en octobre Le temps passe, ainsi que les lettres
que Geneviève Brisac lui adresse À l’amie des sombres temps, en
novembre Entre les livres et La mort de la phalène. En février
2023, ce sera le tour des nouvelles sur Londres, et des Essais
choisis. Les nouvelles sont lues dans le sillon de l’achat. Dans
les autres je picore ce qu’il m’est utile.
(à suivre)
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