J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 30 septembre 2024

Divagations/ 6

 

 

de mon étrange relation avec Virginia...

Côté digressions, je me débrouille pas mal moi aussi ! Alors que mon idée de départ était de parler des Vagues, me voilà à discourir autour de mes ateliers d’écriture, d’en évoquer les coulisses et comment cela a forcé mon intérêt pour l’autrice, comment j’ai cherché à pénétrer du mieux que je le pouvais dans cette écriture pour pouvoir partager avec d’autres ce qui sinuait là, ce qui importait et donc qui portait pour écrire à son tour. Et voilà que ‘ouvre mon lourd dossier sur l’ordinateur consacré à Virginia Woolf, d’où j’extrais mes notes pour le deuxième atelier proposé, en octobre 2022 :

« Dans la première séance autour de Virginia Woolf, on s’est penché sur le livre Instants de vie et plus particulièrement sur les premiers souvenirs comment ils se tiennent dans une coupe en nous. Dans un même élan, j’ai évoqué la notion d’être et de non-être qui s’y associaient : la ouate du non-être si importante et puis soudain le choc violent d’un évènement qui marque à jamais.

On va poursuivre dans les thématiques ou obsessions de VW, ou tout au moins ce qui revient constamment dans ses livres : le passage du temps. Dans plusieurs de ses livres, le temps (à la fois time ou weather tiennent une grande place ; en français le même mot sert pour les deux). Dans les Vagues, neuf interludes poétiques scandent le rythme d’une journée avec des descriptions du cours du soleil, pendant que le reste du récit se concentre sur les pensées d’enfants qui grandissent et deviennent adultes. Dans Les Années, où VW raconte l’histoire d’une famille sur trois générations, chaque chapitre commence par des considérations météorologiques. Dans la Promenade au phare, qui comprend trois parties, celle du milieu s’intitule Le temps passe.  Ce texte a un statut un peu particulier. En 1926, elle envoie un texte à un traducteur français pour une revue (le temps passe) ; c’est donc un texte autonome, qu’elle nomme nouvelle.  Elle y met en forme ce qui deviendra plus tard la partie centrale et singulière de la Promenade au phare qui subira quelques modifications pour tenir compte du déroulement du récit. Il existe un dessin où elle visualise la construction de la Promenade, et le texte du Temps passe s’y trouve tracé comme un couloir entre deux pièces.

Dans ce qu’on peut nommer la nouvelle au centre du livre, pas de personnages, ou si peu, seulement quelques rémanences de ceux qui apparaissent dans la première partie, en particulier, et presque uniquement, Mrs McNab qui vient nettoyer la maison. On a l’impression que Virginia Woolf se tient au bord. Elle observe le vide. Elle y voit apparaître des formes inquiétantes, des esprits qui formulent des questions de la plus grande gravité, des questions essentielles, qui sommes-nous et où allons-nous. Le temps passe devient une sorte de trouée vertigineuse vers l’inconscient, les questions premières. Ce sont elles que les souffles d’air posent aux objets, et ce sont ces questions répétées qui donnent au texte sa tension, qui construisent cette toile d’araignée dont l’écriture habille la forme, avec ses détails, couleurs, que des spectres repèrent et frôlent, et sur lesquels ils se posent et agissent. Puis j’offre des extraits pour que chacun s’imprègne de cette écriture, avant de leur proposer d’écrire à leur tour sur le passage du temps dans un lieu (celui de l’enfance peut-être ou d’un coin de nature, d’un trajet…). Et je précise une description, mais pas seulement, y associer aussi les pensées qui naissent en écho, sans craindre de s’éloigner un peu de la réalité et d’aller frôler un peu l’étrange. »

 Et naîtront dans les textes écrits ce jour-là des visions de traboules avec   cette saveur étrange de la peur malgré la noirceur on voyait les étoiles, des escaliers où les araignées régnaient et veillaient, des murs où dans les fissures passent des visages, ou dans une chambre des chagrins avortés et dix nains sans couronne…

 La deuxième séance s’achève, les participants commencent à se familiariser avec l’univers woolfien.

 à suivre...

 

1 commentaire:

Estourelle a dit…

pourquoi se dépêcher d'aller à l'essentiel alors que c'est le détour qui est important
des circonvolutions à l'infini , une boucle amenant une autre boucle
et pas de point final