J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

samedi 14 septembre 2024

Divagations/2

 

 
de mon étrange relation avec Virginia...

Acheter des livres, c’est bien mais les lire c’est quand même mieux ! Si l’on s’en réfère à la liste de mes lectures, regroupant mes propres livres et ceux empruntés à la bibliothèque ou prêtés par des amis (je n'ai pas remonté le temps au-delà de 1986, mais peut-être aurait-il fallu…), livres inscrits dans ce carnet uniquement si la dernière page a été atteinte, une surprise m’attend. C’est en mai 2003 que j’ai lu Journal d’un écrivain, et immédiatement après Mrs Dalloway ( je n’avais aucun souvenir de cette lecture lorsque je l’ai donc relu plus tard…). En août je lis Une chambre à soi (je pensais l’avoir lu plus tôt, mais les souvenirs ne sont pas si fiables que cela…). J’essaie de comprendre ce qu’il y a eu en 2003 pour que je me sois à nouveau focalisée sur Virginia Woolf. Tout remonte en mémoire : c’est le film Les Heures, inspiré du livre de Michael Cunningham, sorti en France en mars 2003, et qui m’avait bouleversée. À cette évocation, j’en ai encore des frissons, et j’avoue que je le reverrai encore avec bonheur, même si je l’ai déjà revisionné à plusieurs reprises. Je me souviens d’avoir échangé des conversations enthousiastes avec des amies qui l’avaient vu également au cinéma et qui avaient ressenti le même engouement que moi. En avril 2003, j’ai acheté et lu le livre dont s’était inspiré le film, juste avant d’ouvrir ceux de Virginia. Comme si j’avais eu besoin que l’on aplanisse le chemin pour que je puisse pénétrer plus avant dans son écriture. Mais il faudra laisser encore infuser, laisser un travail souterrain se poursuivre, semer quelques jalons, quelques prises sur la paroi de jours. En juillet 2008, le Journal d’adolescence est achevé.

 À reprendre cette liste des lectures, je m’aperçois de l’arrivée d’un auteur, ici ou là, qui m’accompagne toujours, notamment Antoine Emaz, lié à André Du Bouchet, en 2004 et qui resteront présents tout au long des année, et encore en ces jours. En parcourant toutes mes lectures passées, il est étrange de constater que certains livres, il me semblait les avoir lus il n’y a que quelques mois, et d’autres qui ne font plus aucun écho, n’ayant laissé aucunes traces. Et je constate les lectures par salves, telles celles de Pierre Bergounioux, Jacques Ancet, Erri de Luca et les livres qui instantanément me relient à leur lieu d’achat ou de lecture, À la recherche du temps perdu commencé sur l’ile d’Oléron, L’été 80 de Marguerite Duras dans ma maison de Haute-Loire, en lien avec un atelier d’écriture en ligne que je suivais avec passion.

Mais revenons à Virginia. En décembre 2011, je note la relecture d’Une pièce à soi, la traductrice a changé, le titre est modifié, et le livre est numérique. Puis une période sans elle, apparemment c’est Duras qui me requiert à ce moment-là, des lectures autour de Venise ou d’autres en lien avec les ateliers d’écriture que j’anime ou que je fréquente. Le chiffre de lectures annuelles varie entre 80 et 100. Un frémissement surgit en mars 2020 avec Virginia d’Emmanuelle Favier qui brosse un portrait d’une Virginia enfant puis adolescente, dans son intimité et par le filtre d’une éducation victorienne, où naissent les désirs chez cette jeune femme hypersensible, écorchée vive, et avide de connaissances.

Puis je mets mes pas dans ceux de Flâneuse de Lauren Elkin qui évoque Virginia et d’autres femmes arpentant des villes diverses. Pour elle, c’est Londres bien sûr où elle cherche ses traces, et si le Londres d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’hier, il ne nous reste qu’à rebâtir un monde à partir du seul bruissement du papier. Il suffira de se glisser entre les pages de son Journal pour comprendre l’importance qu’a eue pour Virginia la vie à Londres : Et puis Londres en soi m’attire en permanence, me stimule ; à toujours m’offrir une pièce de théâtre, une histoire, un poème sans exiger de moi d’autre effort que de jouer des jambes dans les rues.  Je me souviens, quelques temps après, avoir erré virtuellement sur un plan londonien, par le biais de Google Maps, et d’avoir cherché les lieux traversés par Virginia, où elle avait déambulé avec tant de plaisir, et dont je recherchais, à travers mon écran d’ordinateur, à visualiser le décor d’une existence.

( à suivre...)

 

1 commentaire:

estourelle a dit…

C'est avec plaisir que je lis tes divagations que je ne trouve pas si vagues que ça au contraire, d'une grande précision dans les dates, dans les chiffres, dans les livres, dans les lieux, dans ta mémoire, comme une enquête à l'intérieur de soi mais où tu déroules une pensée poétique et j'aime beaucoup!