1/ Prendre une décision n'est pas toujours facile, et même carrément source d'errance mentale infinie. Peser le pour et le contre. Mais on ne peut tout prévoir, et à force de tout analyser, réfléchir à tous les tenants et aboutissants, on se prend la tête dans un étau. C'est comme arracher un sparadrap sur la peau, il y a ceux qui le font d'un coup et ceux qui avancent au centimètre.
2/ Mon bureau est le lieu où demeurer et me rassembler. Où accueillir les éclats de soi dans un monde où tout n'est que déchirure et fracas. Se recentrer dans un champ opératoire morcelé. Les livres qui recouvrent la table sont porteurs de vie et de chaleur. Le geste d'ouvrir le livre, de tourner une page puis une autre et encore une autre est celui d'un creusement de son archéologie intérieure.
3/ Toujours à rechercher les traces, les empreintes, les vestiges qui seraient laissés sur le bas-côté du chemin qu'il nous faut bien continuer à suivre. Il y a la tentation d'y décrypter des messages à soi adressés par on ne sait quel fantôme, bien décidé à laisser un indice, à poursuivre une conversation interrompue et dont on n'avait pas su recueillir les brindilles nécessaires pour alimenter le feu de nos vies.
4/ On est toujours sur un fil entre deux extrémités. Et l'instabilité permanente du fil nous conduit à une attention sans repos. Par chance, l'imagination ouvre les portes au risque sans effroi. Et permet d'être au monde, de le parcourir, de vivre dans cet écart ô combien salutaire. Et le symbolisme n'est jamais très loin qui aide à tenir sa verticalité, à poursuivre son cheminement sur le fil, même avec vertige.
5/ Ronces, extravagance de lierre et d'herbes mauvaises on le comprend bien qui se faufilent entre les branches des arbres et des buissons, s'accrochent avec force et refusent de se laisser déloger, affirmant qu'elles ont le droit de ramper là, que tout le monde a le droit de vivre et qu'elles font aussi partie de la nature et de quel droit on cherche à les arracher, les éradiquer de la terre.
6/ Sur le point de se rompre, parfois on sent cela. Comme le givre enserrant des tiges fragiles, toutes prêtes à casser, à l'aube des jours, que l'on dirait petits, eux aussi enclins à se briser au moindre souffle. À ne plus rien savoir du vide et du plein qui se terre en soi. Et les silences incertains reclus depuis des siècles s'effeuillent comme les pages de l'éphéméride sur le mur.
7/ Pénétrer dans les replis de ce que l'on nommera soi sans encore
le savoir. Démesurées tentures noires, broderies, chapelets de
boules de papier pendantes, visages peints. Quatre immenses têtes de
terre avivées au passage auprès d'elles: on n'est donc pas seul.
Avancer vers la lumière de quatre immenses aubes blanches aux
broderies de vies saisonnières. Pas après pas alenti, vibrations
lentes de sons dans le ventre: s'acheminer dans une exposition.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire