1/ Le monde autour de moi m'est à peine visible. Je laisse chaque instant recouvrir le précédent. Et je laisse advenir ce qui doit. Je cueille des mots qui se distillent à la radio, sur des thématiques qui me sont inconnues et je bois aux nouvelles sources qui jaillissent. Des musiques, des échanges, des pensées se partagent, et la journée se traverse sur un air de Fauré Cantique de Jean Racine.
2/ Ma voix n'est pas même un murmure, elle n'est que le plus minimal souffle qui puisse exister sur terre, dans ce monde aux enchevêtrements si denses que l'on se sait moins que rien, et encore moins que cela. Alors continuer, malgré. Et faire de ce malgré un appui où résister, avancer et poursuivre ce que je peux faire. Mon infini s'est rétréci et mes moins que murmures ne l'élargiront pas.
3/ Certains aiment sautiller, s'agiter, se trémousser, virevolter sur une piste de danse au milieu d'autres, avec d'autres, gesticuler, tenter des figures presque acrobatiques, agiter bras jambes et tête sur des musiques qui semblent les porter, peut-être même leur révéler qu'ils sont vivants, qu'ils auraient presque la possibilité de s'extraire de leur corps. Je les regarde être, sans envie. Je pose des mots, cela s'écrit, ce serait comme se laisser être.
4/ Je tiens compte de l'obscur, de ce que je ne peux comprendre, de ce que je ne peux pas même imaginer. Ce que je sais du monde est infiniment minime et je ne peux penser tirer que quelques fils de cet écheveau . Mais tenter de comprendre ce qui se vit en moi n'en finit pas de me happer. Il faut que les mots sortent de l'ombre pour dire encore.
5/ Comment s'élabore une pensée ? Par quels chemins se faufile-t-elle pour tisser sa toile et parvenir à se clarifier et à tenir ? Qui hante les mots qui se forment ou se déforment dans le flux de l'esprit ? Ce qui est à naître se fomente sans conscience, dans une sorte de cécité involontaire. La raison ne peut rien; il n'y a point d'explication, point de réponses claires et nettes.
6/ Recevoir des nouvelles par le biais de rêves est toujours passionnant. Une personne débarque dans votre vie avec la simplicité d'un enfant, comme si vous l'aviez vue la veille, alors même que l'on sait pertinemment qu'elle est morte depuis près de trente-cinq ans. Le visage paisible, elle vous suit car vous êtes venu la chercher pour la reconduire chez elle. Ne pas raisonner et accueillir simplement ce qui doit être.
7/ C'est un monologue que tous ces fragments déposés là. Mais c'est le propre de tout homme de tenter de dire ce qu'il est, avec les mots qu'il s'est constitué comme bagage, pour avancer dans la vie. Toujours entre réel et imaginaire. Chaque matin s'attend la phrase d'après, celle qui va donner vie à une pensée, colorer le jour d'une certaine couleur. C'est à dire qu'elle va me donner à être.
1 commentaire:
Je fais mien ton §5. Merci de l'avoir écrit pour moi, je n'aurais pas su si bien dire mais n'en changerai pas un mot ...
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