1/ Comme au travers d'un miroir, l'hiver n'a pas encore dit ses derniers mots. Il balbutie sur l'herbe fragile quelques phrases de blancheur dont on n'a plus envie. On murmure alors qu'on voudrait le printemps, ses fleurs, sa lumière, ses odeurs et ses songes. On piétine, on espère mais le monde qui entoure et pèse de son humeur n'est pas au renouveau. Il nous couvre de suie et de brumes épaisses.
2/ Les yeux qui attrapent les entours et les yeux qui laissent passer les images. On ne peut tout absorber et parfois on préfère ne rien voir. On plisse un peu les yeux pour filer avec un vol d'oiseaux dont on voudrait bien connaître le nom, c'est comme un élan de vie dans lequel se tenir. Mais on évite les images de guerre qui obscurcissent les écrans et ferment le futur.
3/ Encore un lendemain de lendemains et l'on ne remontera pas le fleuve. Même si l'envie de tenir tête au temps qui cogne est réelle. Cela s'empile et s'emplit de jours à moitié vides et main posée sur le cœur on jurerait que tout va bien, que l'on est bien droit dans sa vie. Malgré tout, il ne faudrait pas grand chose pour s'écrouler, un surplus de larmes baignant les joues.
4/ Lisant, je découvre dans un poème le terme adventice associé à la lumière. J'ai déjà entendu ce mot mais ne l'ai pas intégré dans mon vocabulaire. Il vient du latin adventicius issu du verbe advenire, « qui vient de l'extérieur » et, en botanique, il est généralement associé aux mauvaises herbes. J'aurais dû l'utiliser en regard de la vitalité dans ce domaine de mon jardin. Des idées adventices me perturbent.
5/ Comment suivre la course du monde ? Et comment ne pas se sentir perdu ? Il y a déjà longtemps que l'on se tient sur le bas-côté des jours, la main serrée sur le mouchoir de la vie. Les traces que tu souhaiterais laisser, qui s'en souciera ? Dans ces temps suspendus, il y a bien d'autres urgences, et le poème face à tout cela a si peu de poids.
6/ On voudrait bien pouvoir encore remplir ses journées comme avant, lorsque le corps répondait présent à chaque étincelle de vie. Mais la réalité est autre et on se sent parfois au bord de soi à imaginer ce que l'on voudrait faire avec les regrets de ne plus y parvenir. Des jours où on l'accepte et des jours où cela ne passe pas. Et la main tremble un peu en écrivant.
7/ Le regard aimerait bien s'accrocher à quelques lignes déjà griffonnées sur une page de carnet, mais il y a des matins où tout est flou autour de soi, ou vêtu de lumière grise comme des cendres sur lesquelles on soufflerait encore et encore sans faire naître la moindre lueur, la moindre étincelle. On pourrait ne pas commencer par le début peut-être, mais par le milieu d'une phrase, et y demeurer.
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