Lundi 10 septembre 1929 : Je me suis surmenée et torturée sur les corrections d'épreuves — le journalisme, tandis que se formait en moi le livre des Éphémères. Oui, mais il se forme très lentement, et ce que je voudrais, c’est ne pas commencer à l’écrire, mais y penser, disons pendant encore deux ou trois semaines, entrer dans le même courant de pensée et laisser ce courant tout submerger. Écrire peut-être quelques phrases ici, à ma fenêtre le matin. […] Et chaque fois que je m’abandonne au courant de mes pensées, il me rejette. » [...]
Vraiment ces prémonitions d'un livre — ces états d'âme de la création —nt très étranges et on les comprend mal.... [...]
Six semaines au lit, et je ferais des Éphémères un chef-d'œuvre. Mais je ne peux pas garder ce titre. Les éphémères, je m'en avise brusquement, ne volent pas le jour. Et il ne pourrait y avoir une bougie allumée. Dans l'ensemble, la forme du livre demande à être reconsidérée. J'y arriverai avec le temps.
Mercredi 25 septembre: Hier matin j'ai cherché un autre début pour les Éphémères. Mais ce ne sera pas le titre. Et plusieurs problèmes réclament une prompte solution. Qui pense cela? Et suis-je extérieure au penseur ? Il faut un plan qui ne soit pas une simple astuce.
Virginia Woolf "Journal d'un écrivain " ( traduit par Germaine Beaumont)
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