J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 6 octobre 2025

Ricochets /Année 2/ Semaine 40

 


1/ Sur le visage, sentir la réverbération de ce qu’on a été. Les rides qui sinuent sont traces de nos parcours ici ou là, avec les uns et les autres car on ne se construit pas seul. Les livres lus ont abandonné quelques mots dans les ridules de nos épidermes. Ils sont des braises qui n’attendent qu’une étincelle et un souffle bienvenu pour reprendre flamme. Un presque rien encore en cours.

2/ La difficulté de désapprendre est grande : des pensées, des comportements, un imaginaire et tout ce qui est si bien inséré en nous que l’on pense que ce sont nos propres idées. Travail de toute une vie que d’arriver à se créer son propre univers mental et renoncer aux images mentales inculquées sans que l’on n’y puisse rien. Le bonheur aussi de se sentir réfléchir en soi et pour soi.

3/ Tenter de résumer la vie d’un homme, qui a vécu en une grande intensité et longtemps, en quelques lignes, est parfois mission impossible, mais c’est un travail d’écriture intéressant qui oblige à placer le curseur sur ce qui ne peut être oublié. Il faut se positionner en altitude et laisser s’élever ce qui le doit. Recueillir alors ces émanations qui ont rempli la manière qu’il a eue d’habiter le monde.

4/ Une marge entre deux mondes, un espace étréci entre un devant et un derrière, un avant et un après, un temps d’attente, de réflexion, de méditation où le retour en arrière est toujours envisageable, où le pas en avant est peut-être souhaité, mais n’a pas de caractère d’obligation, ce n’est pas encore le passage, mais bien ce lieu fragile, incertain où tout est encore possible avant ce passage du seuil.

6/ Les berges de la Loire longées pendant une heure avec les pensées qui suivent leur propre cours, nourries par le chant agréable d’un oiseau qui restera bien caché, l’envol de hérons que l’on a sans doute dérangés, les coups de cloche de l’église d’un village aimé empli de souvenirs, les feuilles rouges voletant ici ou là sous l’emprise du vent qui amène aussi quelques nuages gris et quelques gouttes d’eau.

7/ Au plus creux de soi, laisser le ruissellement de la vie faire le travail qui se doit. Laisser mûrir les pourquoi dans le tiroir des doutes. Se nourrir de silence, d’une ombre, d’un soupir, d’un frémissement dans le feuillage d’un arbre rougissant, d’un charroi de nuages blancs qui passent sans se douter qu’on les regarde et qu’on se dise qu’on aime les suivre du regard et se perdre avec eux.

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