1/ Le temps de l’écriture est un frémissement au bout des doigts. Il s’impose et ne se dirige pas. Il surgit et ne s’arrête que lorsque cela se pose sur la feuille blanche ou sur l’écran d’ordinateur via le clavier. Le temps à ce moment-là n’a plus la même densité, ni la même durée. Ce sont des moments, quand ils se présentent, qui n’ont pas d’équivalents ; ils sont de sensations.
2/ Un puits de lumière ouvert entre les branches d’un arbre du jardin, c’est tout, mais c’est suffisant pour faire naître une impression de plus grand que soi, comme si à l’intérieur de son corps, quelque chose s’était ouvert, avait eu la permission de prendre de l’amplitude, et que plus d’air pouvait pénétrer, et que cela allait induire plus de pensées, plus d’envies, plus de possibilités à vivre en ce jour.
3/ Ce serait comme une fenêtre ouverte sur un autre paysage, un autre temps, un autre moi. Ce serait comme s’engager dans l’intérieur d’une montagne les yeux clos, où le chemin se reconnaît en touchant les parois de pierres, en laissant les odeurs circuler dans les narines, à se laisser emplir de l’espace que l’on tente de traverser, se laisser déborder par ces sensations que l’on a déjà bien connues. Noël.
4/ Derrière la fenêtre, toujours et encore, comme si cela ne finissait jamais de regarder pour voir. Il ne se passe pas grand chose derrière la fenêtre : une mésange qui se pose sur une branche, une branche qui frémit, un buisson qui ondule sous la visite d’un chat, une trace qui s’écrit dans le ciel, l’accroissement de l’herbe, et les songes enfouis qui reposent vifs sous le petit sapin bleu.
5/ Durant le temps d’une insomnie, s’apercevoir que Noël — l’avent, la préparation mentale, la nécessité de chants qui évoquent ce moment, le jour lui-même qui se doit d’être différent de celui de la veille — est le moment privilégié pour laisser une place à l’enfant que l’on a été, lui redonner vitalité et lui manifester que l’on ne l’a pas oublié, que c’est grâce et avec lui que l’on poursuit le chemin.
6/ Certains mots prennent le chemin de la pensée et la colonisent. Pour l’instant c’est le mot devenir qui a pris place en mon esprit . Je l’entends ou le remarque plus souvent que nécessaire et je l’emploie aussi sûrement bien trop souvent. Il a posé ses lettres, sont-elles de noblesse je n’en sais rien, mais il ne cesse d’apparaître, de m’interroger et je tente de lui faire cracher sa force.
7/ Le désir constant, et je l’espère jusqu’au bout de mon souffle, de l’envie d’apprendre des choses nouvelles, de lire et de sortir de cette lecture grandie, autre aussi, par ce qui vient de se mettre à jour en moi. Avec chaque lecture, de celles qui questionnent, qui creusent dans la pensée et dans les idées reçues ou mortes, sentir que l’on est dans une sorte de création de soi perpétuelle.
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