J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

samedi 6 septembre 2008

Traversée




Les horizons m'encerclent comme des fagots
Qui penchent, disparates, et pour toujours instables.
Il suffirait d'une allumette pour qu'ils me réchauffent
Et que leurs lignes fines
Rougissent l'air
Lestant le ciel pâle d'une couleur plus sûre,
Avant que les lointains qu'elles fixent ne s'évaporent.
Mais ils ne font que dissoudre et se dissoudre
Comme une succession de promesses, à mesure que j'avance.

Nulle vie ne s'élève au-dessus de l'herbe
ou du coeur des moutons, et le vent
Vient se déverser comme la destinée, courbant
Chaque chose dans une seule direction.
Je sens bien qu'il s'efforce
D'aspirer ma chaleur pour l'emporter.
Si j'accorde aux racines de la bruyère
Une trop grande attention, elles finiront par m'inviter
A blanchir mes os parmi elles.

Sylvia Plath "Wuthering Heights" (Crossing the water))

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