J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 20 février 2009

sillon


Ce matin, dans la montagne, la route
engloutie dans le brouillard puis soudain le
soleil à nouveau dans un virage et, au dessus,
le vol plané d'un oiseau toutes ailes déployées.
Mes étroits carnets ne sont rien en regard
de la vastitude du monde, de cette foire
d'empoigne. Mais il y a quelque chose que les
maîtres n'ont pas: c'est la lumière de ce jour
qui bondit à travers l'unique fenêtre de la
cuisine d'une maison où je suis simplement de
passage. Cette lumière, nul ne peut me la
prendre, me la voler. Qui viendrait ici verrait
cette belle clarté qui court sur les murs, sur
les feuilles de la vigne vierge pleine de gouttes.
Je bavarde des après-midi entiers avec cette
fenêtre. Elle me relate ses épopées - elle en a
vu passer des jours et des jours - , elle ouvre
ses bras au soleil, à la neige, aux vents, aux
pluies, aux murmures du monde.
Mère marche parfois sur les pages
noircies de mes carnets comme si elle venait
ici rechercher son sillon.


Joël Vernet

4 commentaires:

Anonyme a dit…

bonjour
Joli blog avec un bel équilibre entre tes poèmes (bien tournés)
des textes d'auteurs (bien choisis)
et des photos et des tableaux qui ne laissent pas indifférents
Bonne soirée

Laura- Solange a dit…

Merci à toi pour ces douces paroles.

Anonyme a dit…

Puis-je te mettre en lien sur mon blog?

Laura- Solange a dit…

Salvatore, cette idée me semble assez sympathique: merci à toi!