J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 21 mai 2010

Regard 5



 Immobile, je guette le moindre frétillement d'un brin d'herbe. J'attends que le jardin se mette en mouvement pour trouver les mots qui peinent à se faufiler ce matin. Toujours la même fenêtre sur le même espace à fixer, afin que de cette terre caillouteuse naisse quelque chose. Assise dans le fauteuil, l'espace observé se décale: il y a plus de ciel et le va et vient des hirondelles m'accapare. Mes pensées suivent une trajectoire en dents de scie, s'amassent en éboulis, accumulant les "peut-être", cherchant à comprendre ce qui ne peut l'être, et soudain se posent sur le fil  du "à quoi bon". Sans bruit, la tristesse  gagne et l'on se dit qu'il va falloir passer ce jour.


aucun cadastre
ne délimitera
les broussailles de l'angoisse

1 commentaire:

Estourelle a dit…

la justesse du regard
et puis les mots qui se déposent
comme un sédiment