J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

dimanche 30 janvier 2011

Le sentiment du lièvre

Dans les doublures du ciel et le bourdonnement des insectes dans la forêt au-dessus de la ville qui construit ses tours de papier mâché. Dans les rais de lumière et de sapins. Au-dessus de la brume allongée sur le Rhône. De sa patience contactée. Contractée. De sa longueur _   au bout  de son discours tumultueux, le paysage ensablé. La vaste platitude. Je suis maintenant à la source épuisée. Le soleil arrache avec soin une goutte d'eau à la mousse humide. Je prends des notes pour commencer la journée. Pour arracher moi-même un mot. Un sentiment à la fatigue. L'écriture debout est avec les arbres et marche tête baissée vers vos définitions.

Joël Bastard " Le sentiment du lièvre" (Gallimard 2005)

1 commentaire:

maia a dit…

Arracher avec soin.
Ainsi s'ébauche le mouvement, brusque, l'élan incontrôlable du détachement,que finalement vient ralentir le ravissement de la méticulosité.
Il s'agirait alors, d'extraire dans l'effort, tout en s'attachant à ne rien abîmer.
C'est là, sans doute, la vérité de l'écriture.
Merci de nous offrir toujours de belles pages.
Maia