Nous entrions, ma mère et moi, dans le baptistère, foulant tous les deux les mosaïques marbre et de verre du pavage, ayant devant nous les larges arcades dont le temps a légèrement infléchi les surfaces évasées et roses, ce qui donne à l'église, là où il a respecté la fraîcheur de ce coloris, l'air d'être construite dans une matière douce et malléable comme la cire de géantes alvéoles; là au contraire où il a racorni la matière et où les artistes l'ont ajourée et rehaussée d'or, d'être la plus précieuse reliure, en quelque cuir de Cordoue, du colossal Evangile de Venise. Voyant que j'avais à rester longtemps devant les mosaïques qui représentent le baptême du Christ, ma mère , sentant la fraîcheur glacée qui tombait dans le baptistère, me jetait un châle sur les épaules.
Marcel Proust "Albertine disparue"
1 commentaire:
On ne reste jamais assez longtemps devant toutes ces choses à contempler, qu'on foule au pieds, ces détails si beaux, ces formes si "philosophiques" du mandala à la spirale au cercle, de l'arabesque à la ligne droite
ou bien lever les yeux vers les coupoles et je regrette de n'avoir pas assez foulé longtemps ce sol...
merci de le restituer par la photo!!
Et à Proust...Il faut que je le lise!!
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