On a tiré au sort pour savoir qui s'y collerait.
C'était mon tour. J'ai donc quitté la table.
L'heure des visites à l'hôpital approchait.
Il n'a pas répondu à mon bonjour.
Je voulais prendre sa main mais il l'a retirée,
comme un chien affamé qui ne lâche pas son os.
On dirait qu'il avait honte de mourir.
Je ne sais pas ce qu'on dit à quelqu'un comme lui.
Nos regards se loupaient, comme dans un photomontage.
Il ne m'a demandé ni de rester ni de partir.
Il ne m'a demandé aucune nouvelle de vous tous.
Pas même de toi, Dédé. Pas même de toi, Gégé.
J'ai eu mal à la tête. Qui meurt ici à qui?
J'exaltais la médecine et les violettes du chevet.
Je parlais du soleil en m'éteignant moi-même.
Que c'est bon, l'escalier qu'on peut dévaler.
Que c'est bon, la porte qui s'ouvre devant vous.
Que c'est bon de vous voir, assis là à m'attendre.
L'odeur de l'hôpital me donne la nausée.
Wislawa Szymborska " Je ne sais quelles gens" (Poésie Fayard 1997 traduit du polonais par Piotr Kaminski)
3 commentaires:
Il n'y a pas de commentaire à faire
On a envie de connaître et découvrir
cette poète...
hall d'hôpital
hall de gare
lieux de départ
les trains ont chacun leurs heures...
Bon voyage Wislawa !
... ô !!! ...
Enregistrer un commentaire