Les yeux rivés sur
leurs smartphones, ils ne voient rien de ce qui est : sur le trottoir
côté droit ce scooter vert d’eau, d’un autre temps, posé sur
sa béquille près d’une petite table de jardin avec sa chaise
assortie d’un vert qui n’a rien du Véronèse, mais plutôt d’un
vert sauge, et légèrement plus bas cette touffe d’herbe qui borde
l’entrée d’une boutique qui n’en finit pas d’être
restaurée. La signature abstraite d’une nature qui laisse bailler
ses émotions. Le sac poubelle transparent, jupe droite un peu longue
au balancement sobre, accroché à un poteau de sens interdit, se
décline lui aussi dans une tonalité de vert pâle à peine colorée
par des boîtes vides de coca ou de bière. Sur la rive gauche de la
rue , des bacs en bois où vivent des plantes sans fleurs, quelques
bambous et autres tiges dansantes, au pied d’un poumon d’ arbre
qui masque la façade d’une maison rompant l’alignement et
réduisant le passage des piétons. Au sol l’ombre s’égare et
dessine des arabesques que deux magnifiques Bobbys peints aux
extrémités d’un pub émeraude, contemplent avec flegme . Pour le
reste de la rue, plus haut, ce sera la luminosité qui prendra toute
l’attention et rien d’autre n’aura d’importance: cette
sur-exposition emporte tout, il semble qu’on ne verrait plus rien
même s’il fallait traverser . L’espace se dilate , l’œil ne
franchit pas
5ème texte (correspondant à la proposition d'écriture de la vidéo 5) pour
l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site
Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire