J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 29 juin 2018

B roll

Les yeux rivés sur leurs smartphones, ils ne voient rien de ce qui est : sur le trottoir côté droit ce scooter vert d’eau, d’un autre temps, posé sur sa béquille près d’une petite table de jardin avec sa chaise assortie d’un vert qui n’a rien du Véronèse, mais plutôt d’un vert sauge, et légèrement plus bas cette touffe d’herbe qui borde l’entrée d’une boutique qui n’en finit pas d’être restaurée. La signature abstraite d’une nature qui laisse bailler ses émotions. Le sac poubelle transparent, jupe droite un peu longue au balancement sobre, accroché à un poteau de sens interdit, se décline lui aussi dans une tonalité de vert pâle à peine colorée par des boîtes vides de coca ou de bière. Sur la rive gauche de la rue , des bacs en bois où vivent des plantes sans fleurs, quelques bambous et autres tiges dansantes, au pied d’un poumon d’ arbre qui masque la façade d’une maison rompant l’alignement et réduisant le passage des piétons. Au sol l’ombre s’égare et dessine des arabesques que deux magnifiques Bobbys peints aux extrémités d’un pub émeraude, contemplent avec flegme . Pour le reste de la rue, plus haut, ce sera la luminosité qui prendra toute l’attention et rien d’autre n’aura d’importance: cette sur-exposition emporte tout, il semble qu’on ne verrait plus rien même s’il fallait traverser . L’espace se dilate , l’œil ne franchit pas

5ème texte (correspondant à la proposition d'écriture de la vidéo 5) pour  l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".

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