Pluie tiède. Discrète acclamation. Il a suffi d'un nuage. L'herbe répand de nouvelles odeurs. L'eau se soulage de quelques vapeurs. Mes yeux se blessent à cette soudaine mutation de la clarté. Une fauvette se démêle du lierre qui a pour elles des prévenances d'amoureux. Un peu comme sur les vieilles photographies, le paysage s'est voilé. On pourrait croire qu'il a une absence ou qu'il n'est plus qu'un rêve de paysage. Il semble que nous soyons tombés dans un second degré de signification. Dissolution lente. Je sens se défaire en moi de robustes pirogues. Le cœur se hausserait-il dans la région des rapides pour y brûler comme un feu de feuilles? Le faîte des arbres serait-il tenté de partir avec les oiseaux? Ne serait-ce pas l'écho furtif de la poésie?
La chronique diffère du lieu qu'elle dit. Elle s'écrit dans les marges au fil d'évènements minuscules qui affleurent davantage qu'ils n'éclosent.
Michel Dugué " Mais il y a la mer" ( Editions Le Réalgar 2018)
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