J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 30 juillet 2018

Bégayer

le regard devient flou – le silence ne sera plus rompu – il n’y aura plus de regard –d’abord hagard le regard – puis trouble le regard emblavé de ce flou de l’œil du myope – ce regard perdu – bâillonnée la parole à tout jamais – les peurs disparues dans le regard flou – la mauvaise conscience rompue – un peu d’angoisse dans ce silence qui ne sera plus rompu – jamais – la distance pour toujours avec ce regard plein de quelque chose d’incertain – se garder de la lumière pour ne pas rompre le silence – s’enfoncer dans les épaisseurs du temps où seul un regard flou peut errer – museler les mots qui pourraient advenir – rester dans ce flou où rien n’est sûr – habiter ce silence qui est plus une pause ou un soupir qu’une paix – ne pas interrompre le silence – comme un lambeau abandonné le regard se perd où meurt l’ordinaire – le silence d’infini ne sera plus rompu – les yeux ne savent rien – ils décolorent ce qui est – alors garder le regard trouble proche de l’épouvante où suinte rouge le ciel – le regard recueilli par des ombres d’ardoise – flou ou fou le regard quelle importance – il n’y a que le silence – un trouble un dépouillement d’écorché – rester entre les pages d’ombre – dans cet ailleurs imprécis – entre les plis de ce silence qui ne sera plus rompu – il n’y a plus rien au-delà de ces lointains de brouillard – de ce territoire du rien – froissé le regard sous un silence déposé –

 18 ème texte (correspondant à la proposition d'écriture de la vidéo 18) pour  l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".

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