Être Leonard Cohen
, avec le timbre de voix de ses dernières années, et murmurer des
paroles de blues pour évoquer ce lieu de certains dimanches matins,
main dans la main de celle du père , le temps qu’il nous
consacrait – c’était quoi une heure peut--être – et nous
allions dans un jardin qui surplombait une place. Il y avait là les
statues d’un loup et d’un agneau sur lesquels nous grimpions ,
nous les enfants. Le père assis sur un des socles lisant le journal
, et nous rêvant d’aventures en chevauchant ces bizarres montures.
Levant les yeux, on voyait alors danser le feuillage qui calfeutrait
cette singulière oasis Ces deux statues en fonte ont sans doute été
déplacées lors de travaux ou alors je ne sais plus retrouver le
chemin qui me ramèneraient vers elles, ou le souvenir est tellement
dans la marge du temps qu’il ne peut se rejoindre et que même si
c’était possible... il ne faudrait pas venir l’effleurer. Cet
espace fait partie d’un temps qui ne peut s’approcher, une rive
où l’on n’accoste plus. Image rescapée de l’ombre où tant de
souvenirs ont échoué.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire