Cor sait bien que c’est la dernière fois, qu’il n’y en aura pas d’autre : c’est l’ultime, à marquer d’une pierre noire – leurs forces, à elle, à lui, s’épuisent, même s’il arrive encore à monter les grimpettes, à souffler dans le cuivre, à moduler la mélodie, modelant l’air dans une tension de tout son corps jusqu’aux racines des doigts.
Dernière fois, oui, l’ultime, après laquelle il n’y aura plus rien, qu’une tombe et des souvenirs chaque jour un peu moins vifs, le paysage qui derrière soi s’estompe à mesure qu’on avance sur la route, et quand on se retourne c’est à peine si on le reconnaît d’autant que la nuit tombe en crépuscule brumeux.
Tant qu’on peut, oui, marcher – mais pour aller où donc ?
À moins qu’une branche, une poutre supportant le poids d’un homme. Un peu plus haute qu’un homme debout sur la pointe des pieds, qui ferait le beau pour mordre.
Mordre à la mort comme à l’embouchure.
Une branche, une poutre, une corde.
La corde autour du cou.
Lionel-Edouard Martin " Cor" à paraître le 29 août aux éditions Publie.net
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