La mémoire est une pièce qui s'ouvre, une odeur, un geste, une lumière, un objet qui sert de passage, un traducteur*.
On
rencontre un bord de soi qu'on avait plié dans le revers de son
pardessus. Qu'on avait laissé dans une poche. On mesure l'épreuve de
toutes les terres traversées.
Parce
qu'elle est fragmentée en mille réalités, la ville te porte de souvenir
en souvenir, et il y en a bien un qui colle à ce que tu étais, où à ce
que tu es.
Antérograde : tu ne peux fixer le souvenir, rien ne surnage dans la mémoire, à peine un nom, une lumière, une brise, une dentelle d'écume. Ce n'est pas une ville de mémoire, ce n'est pas une ville célébrée comme le sont d'autres villes. Alors tu notes, tu notes, non pas la ville, qui est figée dans les photographies, les livres, les cartes, les guides même, mais comment la ville dépose en toi. Comment se retourne le souvenir, comme on retourne une trousse, un pochon. Comme le panier d'oursins sur un chariot. C'est refuser de s'inscrire, soi, dans les déplacements de la ville. C'est refuser de mimer les écritures de la ville 24. C'est écrire la ville, comme si la ville s'écrivait en soi.
* Parfois c'est un fantôme
1 commentaire:
merci de parler de ce livre !
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