Ne pas faire
grand’rue mais faire place, sauter de l’une à l’autre comme
cinq coups d’épingles piquées sur sur le plan: passer de la
Terrasse plaque tournante des trams où les regards oscillent entre
l’écran qui décompte les minutes avant la venue du tram et le
lointain pour vérifier les indications données et son arrivée
effective , mettre en mouvement le ciel avec de petites boules de
nuages qui s’enfuiraient vers le nord, qui sortiraient de la ville
et prendraient la route des vacances, puis revenir à la réalité et
pointer la place Carnot – un marché, des poussettes, des femmes,
des ados qui parlent fort, une circulation dense , lever les yeux et
le train sur le pont, dessous une sorte de gare orange –
poursuivre et s’arrêter un peu sur la place importante de la
ville, Jean-Jaurès , où les jets d’eau élèvent le regard puis
l’abaissent en un mouvement discontinu et l’église derrière, la
cathédrale, immobile et déserte, et les amoureux qui s’enlacent à
l’ombre d’un platane, les enfants qui glissent sur le toboggan,
courent remontent les degrés de l’échelle et glissent encore sans
savoir pourquoi, et que passe le temps devant les vieux assis sur des
bancs, tête baissée ou le regard levé qui vient buter sur les
façades jaunes des immeubles d’en face ne renvoyant qu’un soleil
factice, une centaine de mètres plus haut, plus loin , la place de
l’Hôtel de ville avec ses immeubles repeints de couleur claire eux
aussi contribuant à ôter des mémoires le nom de ville noire –
mais les crassiers toujours là sur les collines alentour, témoins
indestructibles d’une vie passée – et le manège pour enfants
tournant , tournant et tournant encore pour bien dire l’horloge du
temps qui n’en finit pas d’avancer alors que le ciel s’éloigne
et ne rien voir au-delà, faire les derniers mètres , tenter de
distinguer une place sur la place du Peuple, se souvenir de l’avant,
comparer et trouver qu’aujourd’hui ce ne sont que des rues qui se
croisent , se traversent, que des rails qui s’enjambent, des trams
qui passent d’un côté ou l’autre, que là à cet endroit le
passé ne peut coïncider, qu’il est enfoui sous des strates
d’oubli, et que cela crée comme un malaise , une nostalgie et il
faut passer outre et constater qu’il y a davantage de ciel
peut-être d’une clarté opaline, des horizons autres où pouvoir
imaginer, et que la lumière de fin de journée, pleine de douceur
serait prête à faire naître un nouveau regard...
23ème texte (correspondant à la proposition d'écriture de la vidéo 23) pour l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".
1 commentaire:
Yèèèè...!!!
O Salut Ville tant aimé!!
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