Écrire aime ce qui surgit: les animaux libres sur nos chemins balisés, le passé sur l'huis du jour ( l'effacement du temps), le rêve en expansion infinie sur la nuit, une voix. Il veut qu'on s'arrête, saisi.
Il a fait signe.
(...)
Écrire cherche à me traverser d’une puissance — « la puissance d’un impersonnel qui n’est nullement une généralité, mais une singularité au plus haut point », comme l’écrit Gilles Deleuze. Aussi, moi délogé (il est là, à côté), je peux dire on. On peut aussi dire je, qui n’est plus la parole de l’individu repérable, il est, par exemple, la voix d’une « disposition subjective infiniment secrète » — c’est encore Gilles Deleuze qui l’écrit.
(Écrire est moqueur. Se moque des livres écrits avec un moi confortablement logé, bien meublé, accueillant et séduisant, ayant à sa disposition toutes sortes de ressources, culture, habileté, expérience technique, idées, musicalité, ou tout autre capable de composer un livre à son tour bien logeable. Si Écrire passe devant, il regarde son costume et rit. )
Christiane Veschambre " Écrire Un caractère" ( Editions Isabelle Sauvage 2018)
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