Il
est des jours d’apparitions qui tranchent dans le visible. De
ces ombres qui n’ont pas trouvé la paix et qui continuent de
hanter les rues de la ville comme
le
chant des
poussières
qui se posent
sans bruit. En
l’espace d’une seconde, l’esprit bascule et se perd dans une
opacité sans nom. Une femme, âgée, petite et un peu ronde,
penchée vers l’avant marche sur le trottoir devant elle. Sur
l’épaule pend un sac en toile, rappelant ces sacs de plage
d’autrefois, avec l’inscription La Rochelle un peu pâlie
au-dessous du dessin de tours. Elle sait bien que ce n’est pas
possible que ce soit Louise , mais cette silhouette, cette démarche,
cette
manière de tenir son sac et ce sac même venant de sa ville
préférée, tout lui rappelle sa tante. Elle ne sait comment
l’aborder. Elle finit par la dépasser en la heurtant légèrement.
Louise échappe un sac en papier avec des abricots qui roulent sur la
chaussée. Elle se confond en excuses, ramasse les fruits tombés,
remet le tout dans le sachet, s’excuse à nouveau et croise enfin
le regard de celle qu’elle nomme Louise en son for intérieur.
Sidérée par le regard bleu qui la fixe sans colère, mais avec une
candeur qui la bouleverse. Louise lui dit que ce n’est rien, que
ses mains ne tiennent plus les objets comme autrefois, que tout lui
échappe mais qu’elle est bien gentille d’avoir ramassé ces
quatre fruits… Elle,
elle n’arrive plus à parler. Elle sourit seulement. Louise tourne
au coin de la rue. Lorsqu’elle arrive à son tour, à l’angle de
la rue, après avoir repris ses esprits, de Louise nulle trace. Bien
sûr, ce n’est pas Louise, elle est morte il y a ...un an... jour
pour jour...
Troisième et dernière partie du 29ème texte (correspondant à la proposition d'écriture de la vidéo 29 ) pour
l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site
Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".
1 commentaire:
on la voit et on la connait Louise
Enregistrer un commentaire