ce bonnet n’a aucun intérêt, mais c’est la tête sur laquelle il siégeait
qui m’importe – ce chapeau, ce bonnet, cette coiffe mise en forme par
ses mains a enserré la tête de Julie pendant des années – elle n’est
jamais en cheveux sur les quelques photos qui disent un peu de
ce qu’elle fut – cette coiffe donc, une parmi d’autres, peut-être celle
du dimanche au vu de la débauche de dentelle et de fleurs, ni mantille
ni voilette mais juste un tissu de coton qui a dû être blanc mais qui
depuis les années épuisées a pris une teinte indéfinie, froissé,
déchiré, dont Julie a dû se servir longtemps, rapiécé pour couvrir la
chevelure blanche d’une vieille dame dont je connais si peu la vie et
pas du tout les pensées cachées sous la dentelle – le regard
légèrement dissimulé sous cette sorte de visière dentelée, les envies
évanouies, les pensées évaporées par les ajours de la coiffe – quand on est mort on est flou
1 commentaire:
belle cette histoire de julie
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