1/ Trouver son souffle, sa voix entre deux notes de Arvo Pärt, entre les lignes d'un poème de Sylvia Plath où l'on est cernée de toutes parts, devant la flaque de Virginia Woolf qu'il faudrait arriver à franchir, face à la vision du cafard de Clarice Lispector qui nous regarde et que l'on regarde à notre tour. Trouver place dans un monde dont on sent bien qu'il part à la dérive.
2/ Ne pas chausser les lunettes, les laisser se morfondre sur la table de nuit le temps de se retrouver, se réapproprier son propre réel, et avancer comme avec ses yeux d'enfant dans la cour de l'école une fois déposée dans son étui la paire de lunettes afin de ne pas les casser pendant la récréation. Flouter la carte du jour qui se profile et n'être qu'une passante qui vit ailleurs.
3/ La langue terre d'où croître dans les claire-voies des rivages noirs où poursuivre son cheminement. Des traces de peaux mortes délaissées par les ans enveloppent les murmures qui serpentent dans les mélopées oubliées . À l'écoute de cette langue terre, du grain de sa voix, de ses battements de vie, de ses crevasses, de ses lignes de failles, où se hasarder, s'enfouir plus profond, et dénicher un berceau où recommencer.
4/ Instant de vie pétri comme une motte d'argile pour en faire jaillir ce qui veut bien naître, se former entre les doigts, et s'extraire de l'intérieur des choses. Corps fouillé, le mou et le dur, le noir et le bleu, l'ombre et la lumière, le silence et les sons de mensonges, les pansements sur les paumes. Laisser suinter les cicatrices et fixer le récit dans les lignes de la main.
5/ On ne gratte que des surfaces. Cette phrase trotte depuis longtemps en tête. Écrire est-ce gratter ? Sans doute. On écorche la feuille de la pointe d'un stylo pour laisser vivre quelques mots. Alors ce serait aussi donner vie, gratter et détacher quelque chose de soi pour l'abandonner sous forme de lettres, de mots de phrases de fragments qui vont vivre loin de soi. Grappiller des lambeaux, écrire des éclats.
6/ Maintenant. Un mot où rechercher sa place dans le temps. Suis toujours dans le passé et ses abimes toujours à explorer, ou dans un futur proche à envisager, à imaginer mais le présent n'a pas de forme, ne parvient pas à s'inscrire hormis dans les pas qui arpentent des chemins, les doigts qui caressent les touches du clavier de l'ordinateur ou écrivent entre les pages de mes carnets. Main tenant.
7/ En filigrane, les fils d'or et d'argent de qui parle en soi. On n'écrit jamais seule.Il y a de la matière qui se tient au fond de nous. Cela résonne et tisse une nasse de voix qui aident à créer le moi futur dont on cherche inexorablement à poursuivre la construction. De plus en plus de voix de femmes irradient donnent de l'énergie et indiquent la direction à envisager, .
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