Elle
se dit que son
regard d’enfant n’existe
plus ni
ce pas de conquérant ou cette détermination et voudrait bien savoir
ce qu’ils sont devenus. Elle se dit que se garder de la lumière et
errer dans les souvenirs d’ombres n’est peut-être pas ce
qui faudrait qu’elle fasse.
Elle se dit encore qu’à force de scruter les ciels et leurs boules
de rêves elle est
sans doute passée
à côté d’autres vies. Elle
se demande si la recherche
de
silence n’a
pas
pris trop d’importance dans sa vie . Elle
se dit que contempler la ville et la vie à la Caspar David Friedrich
n’est peut-être pas une bonne idée. Elle se demande pourquoi son
regard ne franchit pas . Elle se dit que les voix d’avant toutes
les voix d’avant et d’encore plus loin parlent trop fort en elle
mais comment leur clouer le bec. Elle se dit que la pensée magique
est peut-être rassurante mais point trop quand même. Elle se dit
que tous ces gens qui marchent dans les rues enfermés
dans leurs
propres tourments ne seraient que des égarés corps et âmes. Elle
se dit qu’elle est peut-être bien égarée.
Elle se dit qu’elle s’est installée
dans une marge qu’
il faudrait
sans doute
enjamber.
Elle se dit que ce serait l’instant qui compte juste l’instant.
Elle se dit que parler
quelquefois serait peut-être pas mal. Elle
se demande pourquoi c’est toujours en marchant que
nait cette envie d’écrire.
Elle se demande pourquoi elle n’est jamais partie. Elle se demande
à quoi ça sert de faire toujours le même trajet dans la ville.
Elle se demande dans quelles
rues elle n’a jamais marché et pourquoi. Elle
cherche à se rappeler si elle s’est déjà perdue dans cette
ville. Elle dit pourquoi
toujours cette envie de
toucher les arbres. Elle se
demande quand elle ne lèvera
plus les yeux sur le troisième étage de cette vieille maison. Elle
se demande quelles échardes restent encore à se planter sur sa
peau. Elle se demande quelle
ville se déploie dans la tête des gens qu’elle croise. Elle
se dit que peut-être à l’angle de la rue quelqu’un du
temps d’avant serait
là. Elle se dit et si les fantômes ...
Elle se dit que si tout n’était vraiment rien . Elle
se demande quand cela prendra fin.
Elle se dit qu’elle se pose la question de l’oubli et
qu’elle le
redoute. Elle se dit qu’elle
a l’art de se poser des questions qui n’ont pas de réponses.
25 ème texte (correspondant à la proposition d'écriture de la vidéo 25) pour
l'atelier d'écriture d'été animé par François Bon sur son site
Tiers-Livre: " Construire une ville avec des mots".
3 commentaires:
superbe rythme
Elle se dit qu'elle a raison de se poser toutes ces questions, elle se dit que toutes les questions n'ont pas nécessairement de réponses, elle se dit que ce qui est important c'est de se les poser, elle se dit que oui le silence est d'or et les mots écrits aussi ...
seule les questions nous façonnent...
Enregistrer un commentaire